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Un Monde de Fictions
20 février 2008

Le garçon de glace

Bref résumé :
Samantha, dite Sam ou Sammy, se rend comme tous les jours dans le lycée privé où elle est inscrite.

Rien ne semble troublé ses petites habitudes jusqu'à ce qu'un nouveau glacial fasse son intrusion dans la petite vie tranquille qu'elle s'était arrangée. Quelle idée aussi de rentrer au lycée au mois d'octobre ?

Intriguée, la jeune femme ne peut se résoudre à ne pas en savoir plus sur lui.


Disclaimer :
Tout le beau monde que contiendra cette histoire ainsi que les idées (pas toujours très intelligentes) qui s'y trouveront... Tout m'appartient entièrement

Une vie banale pour une personne banale

Six heures et cinquante-cinq minutes, pourquoi me suis-je encore réveillée avant que la sonnerie stridente de mon portable ne sonne ? Je viens de perdre cinq minutes essentielles de sommeil… Je sens que je vais être de très, très bonne humeur ce aujourd’hui et que le premier qui viendra me complimenter sur les magnifiques valises qui se dessinaient sous mes yeux, risque une mort des plus atroces. Il est sûr que me coucher à six heures pour me lever moins de soixante minutes plus tard n’arrange pas mon teint, mais pas besoin de me le faire remarquer.

Je sors de mon lit toujours enroulée dans ma couette, il est hors de question que je perde la chaleur qu’elle me procure jusqu’à ce que je sois obligée de me déshabiller pour prendre ma douche. Susceptible, insomniaque, frileuse… Quelques unes de mes qualités parmi tant d’autres. Ces mêmes qualités qui font de moi la personne la plus sociable de la Terre. Je suis née avec les chromosomes XX et je viens de rentrer dans ma dix-septième année. En bref, je suis une adolescente banale, du moins en mon sens.


- Sammy, tu es réveillée ?
- Oui maman, j’arrive.


Décidément, elle me connaît trop bien… Ma mère ce héros, celle qui tous les matins prend le temps de me lancer cette petite question avant de partir au travail en courant parce que comme tous les matins elle est en retard après avoir passé quelques unes de ses précieuses minutes pour me traîner hors du lit.

Une fois sortie de la chambre, je me dirige au radar vers la cuisine qui fait office de salle à manger. Je dépose un léger baiser sur la joue de ma mère et ouvre le réfrigérateur duquel je sors le litre de lait. Un court passage par le placard pour sortir un bol et un paquet de céréales et je m’attable au comptoir.


- Tu te rends compte maman, tu vas pas avoir à speeder ce matin pour aller au boulot.
- Je suppose que c’est mon cadeau de Noël en avance ?
- T’as tout deviné, je lui réponds, la bouche pleine.
- Tu es désespérante, soupire-t-elle.
- C’est pas pour rien que je suis ta fille, ma petite maman chérie.


Elle lève les yeux au ciel, mais quelque part je sais qu’elle est plus souvent amusée qu’attristée par mon comportement. Je suis son unique enfant et mon cher père s’est fait la malle alors que j’avais trois ans. Si mes souvenirs sont bons, il nous a quittées pour une stripteaseuse rencontrée dans une boîte de la capitale.

Quelques fois, après son départ, ma mère pleurait en me regardant. Je n’ai compris pourquoi que bien plus tard en me regardant dans un miroir, une photo de mon père à la main. Je suis son portrait féminin craché. Mêmes yeux, mêmes pommettes, même nez, même bouche, la seule chose que je n’ai pas héritée de lui, ce sont mes cheveux noirs de jais alors que les siens sont blonds.


- Tu manges à la maison ce midi ou à la cantine ?
- Je sais pas pourquoi ? Demandé-je à mon tour.
- Si tu rentres il y a des lasagnes dans le congélateur, tu lis les instructions sur la boîte et tu devrais avoir un plat décent. Sinon, si tu manges à la cantine…
- Au self maman, au self, la coupé-je.
- Oui au self, si tu veux, je te rembourserais le repas plus tard.


Je la regarde en souriant. Je sais d’ors-et-déjà que je rentrerai à la maison manger les lasagnes de Monsieur Marie ou autre Joël Robuchon puisque mon portefeuille est aussi plat que les blagues de mon meilleur ami et que par conséquent les quelques deniers que me coûteraient ce repas ne seraient couverts que par un regard de chien battu à l’homme aux blagues vaseuses et trois fois dans une même semaine, ça commence à faire trop.


- Maman, si tu restes là, je te garantis que mon cadeau de Noël en avance n’aura pas lieu d’être.
- Tu as raison ma puce… On se voit ce soir.
- Si je ne me suis pas faite écraser par un bus d’ici-là.


Mon optimisme débordant la fait faire un mouvement de tête signe de son grand désespoir. Je n’y peux rien moi si traverser la rue qui me sépare du lycée est d’un risque énorme. Une voiture folle, un bus pris en otage, un camion rancunier… Tous les jours je risque ma vie pour aller me visser les fesses sur une chaise durant des heures et des heures.

Il est sept heures vingt lorsqu’elle part pour le travail. Au moins aujourd’hui, elle sera en avance et épatera tous ses collègues. Quant à moi, je mets mon bol dans l’évier et me dirige vers la salle de bain me débarrassant au passage de ma couette. Je prends une douche rapide, me brosse les dents et me démêle les cheveux en ayant les larmes aux yeux. Non, je ne suis pas émue devant l’épaisseur de mes cheveux, mais la douleur due aux nœuds qui se sont formés dans ma chevelure arrivent à m’arracher quelques-uns de ces trucs mouillés qui sortent des yeux. Chose qui n’arrive jamais en dehors de cet acte d’auto-torture.


- Alors moi, quelle couleur aujourd’hui ? M’interrogé-je à voix haute. Vert tu dis ? Ok, alors c’est parti pour du vert.


Je dévisse les deux bouchons de ma boîte de lentilles et mets ces caches-couleur-des-yeux. Je ne supporte plus de voir ces deux petites billes bleues me regarder dans la glace. Aujourd’hui je suis une sorcière aux yeux verts et demain je pourrais bien être une nonne aux yeux bruns.

Une fois mes yeux maquillés de noir et mes lèvres ornées de rouge, je sors de la salle de bain une serviette nouée au niveau de ma poitrine. J’ai une fâcheuse tendance à oublier mes vêtements dans ma chambre et je suis donc obligée de sortir dans le couloir, froid, pour retourner dans un environnement chauffé.

Une fois l’armoire ouverte, j’opte pour une robe longue noire et des bottes de la même couleur. Si j’avais eu le chapeau pointu pour compléter le déguisement, je l’aurais mis sans hésiter. Je ne me soucie guère des apparences et personne ne connaît le style qui me correspond réellement. Ils se contentent juste de parier entre eux sur la couleur qu’auront mes yeux le lendemain.


- En route pour le zoo, me motivé-je.


J’enfile une veste. Frileuse un jour, frileuse toujours, telle est ma devise en ce mois d’octobre particulièrement frisquet. Je sors de la maison en n’omettant pas, cette fois, de verrouiller la porte. La seule fois où j’avais oublié de le faire, j’avais eu le bonheur de constater la disparition de mon ordinateur portable et de la télé de la cuisine.
Une fois la rue de tous les dangers traversée et une cinquantaine de mètres parcourus, je me retrouve devant la grille de la prison dans laquelle ma mère m’a inscrite.


- Ce lycée est proche de la maison et en plus il a une bonne réputation, m’avait-elle dit.
- Ca ne m’a jamais dérangé de prendre le car et puisque tu parles de leur « bonne réputation », tu n’as pas peur qu’en y allant je la détruise ?


Mais mes arguments avaient été vains et j’étais depuis trois ans dans un lycée tenu par des bonnes sœurs toutes les unes plus offusqués que les autres quand je me la joue déguisement « Lolita ». La reine-mère, comme je l’appelle, en perdrait presque sa coiffe qui fait office, chez elle, de couronne.

Dans la cour du bâtiment, je reconnais la coiffure atypique de celui qui me sert de seul et unique réel ami. J’arrive discrètement derrière son dos et lui hurle dans l’oreille provoquant un sursaut et un cri encore plus fort que le mien de sa part. Alors que je suis en train de succomber à un fou rire, lui ne cesse de m’insulter.


- Mais putain ! T’es trop conne, si j’étais cardiaque j’aurais déjà succombé à un infarctus. T’as déjà eu une once d’intelligence dans ton cerveau rabougri de babouin ?
- Bonjour à toi aussi mon petit Jeannot.
- Comment tu fais pour être en forme alors que tu m’as fait endurer les heures les plus longues de ma vie ?
- J’y peux rien si je suis meilleure que toi à ce jeu.
- Ouais, ouais… N’empêche que ça me dégoûte.


Je viens d’ouvrir la bouche pour lui répondre que je n’y suis pour rien si je suis la déesse de ce jeu vidéo lorsque la sonnerie ce fait entendre.


- Allez mon petit Jeannot, lui dis-je, je te donnerai les ficelles du métier plus tard.
- Tant que ce ne sont pas les ficelles de ton string, hein…


Je suis vraiment gentille quand je parle de blagues vaseuses, même Philippe Bouvard ou l’un de ses acolytes n’auraient pas osé la faire celle-là. Je lui tape donc derrière la tête.

Je le suis toujours dans les couloirs du lycée puisque je ne suis pas capable de me souvenir des salles dans lesquelles nous avons cours. Une fois arrivés devant la classe que je reconnais comme celle de mathématiques, je ne peux m’empêcher d’émettre petits gémissements plaintifs. Quelle idée ai-je encore eu de prendre mathématiques comme option alors que je suis dans une section littéraire. Je me le demande encore.


- Alors Sam, on n’est moins doué pour les maths que pour les FPS, me taquine l’autre tâche.
- Un mot de plus et je te dézingue sur la map la plus fréquentée ce soir.


Ces quelques mots ont pour effet de le calmer. Faut pas abuser non plus, je ne vais pas me laisser marcher sur les pieds par quelqu’un. On entre le plus lentement possible dans la salle lorsque le professeur nous interpelle.


- Dépêchez-vous un peu !


Oui chef, bien chef ! Ah les profs de maths, quelles plaies ceux-là. Ils doivent se passer le mot, dans la réunion de leur confrérie secrète, pour être exécrables avec leurs élèves.

Comme à ma grande habitude et même si l’on est à peine une dizaine dans ce cours, je me dirige dans le fond de la classe. Un mur, il me faut un mur pour me soutenir, mais arrivée à ma place favorite, j’ai le malheur de constater qu’elle est déjà prise.


- Hum, hum, dis-je en me raclant la gorge.
- Quoi ? Me répond une voix hargneuse.
- C’est ma place mon grand.
- Y a ton nom marqué dessus peut-être ?


Depuis le temps que j’attends qu’on me pose la question, je vais enfin pouvoir montrer l’étendue de ma folie à quelqu’un.


- Yep, tout à fait, là, là et encore là.


Je lui montre alors successivement les « Sam Henry » écrits sur la table, la chaise, mais aussi le mur. Je peux lire une étincelle d’amusement dans ses yeux gris aciers avant qu’il ne reprenne leur aspect glacial.


- Dans ce cas, Sam, je me vois obligé de vous restituer votre place.


Il s’éloigne alors de mon trône avant de se retourner, faisant au passage pratiquement voler ses cheveux bruns mi-longs et de me jauger avec son regard des plus inquiétants.


- Et au fait, je ne m’appelle pas « mon grand », mais Maxence.


Maxence un prénom sympa pour le garçon de glace, qui, je le sens déjà, fait réchauffé mon cœur.

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BANFANMINI

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