Une nouvelle vie.

« Et voilà une autre journée qui commence… »

Adrien, un jeune homme de 18 ans aux yeux bleus comme la mer et aux cheveux raides et noir, avançait d’un pas trainant en direction de la salle 107, du lycée où il étudiait.

Les mains dans les poches de sa veste noire, il fixait ses chaussures et ne tentait pas d’éviter les personnes qui, comme lui, s’apprêtaient à aller en cours.

« Oh la tapette ! Il est où ton chéri ? »

Adrien releva vivement la tête et jeta un regard glacial à celui qui venait de le couper de ses sombres pensées.

« Ferme là Maxime, sinon… »

Le dénommé Maxime et ses amis éclatèrent d’un rire franc et plein de mépris.

« Sinon quoi, p’tite queue ? Tu vas me taper ? Tu vas aller chercher la CPE ? »

S’en était trop pour Adrien. Il se redressa en un quart de seconde, prenant ainsi une demi taille de plus, et se jeta sur Maxime en le frappant au visage de toutes ses forces et en vociférant des injures qui alertèrent les professeurs.

« Ca suffit, Adrien ! Lâche-le ! »

Deux de ses professeurs le firent lâcher prise et le maintinrent hors de porter de l’adolescent au visage ensanglanté et qui, à priori, avait le nez cassé.

En se redressant avec difficultés, Maxime pointa son doigt, couvert du sang qui lui maculait le visage, sur Adrien.

« Tu me le paieras ! Je te jure que tu me le paieras ! »

« Oui, c’est ça, allez, vous allez m’accompagner à l’infirmerie. » Avait dit Mme Blanchet, leur professeur de mathématiques.

« Quant à vous, jeune homme, vous venez avec moi. On va aller voir Mme Lubrano. »

Adrien suivit son professeur en se maudissant intérieurement. Il savait qu’il n’aurait jamais dû s’emporter ainsi. Mais il n’avait pas pu se contrôler.

Depuis que tout le lycée savait qu’il sortait avec Jérémy, les deux amants se prenaient des réflexions à longueur de journée. Jérémy, de nature fragile et susceptible, n’avait pas tardé à faire une dépression. Voilà maintenant deux semaines qu’il n’était pas revenu en cours.

Leurs parents n’étaient pas au courant pour leur relation, mais Adrien se rendait chaque jours chez Jérémy, prétextant lui apporter les cours de la journée. Mais ce qu’ils faisaient était tout sauf des devoirs.

Adrien tentait de remonter le moral de celui qu’il aimait par-dessus tout, et lui disait que les réflexions qu’il se prenait au lycée ne l’atteignaient pas. C’était un mensonge… Il montrait seulement la face visible de l’iceberg, car en réalité, lui aussi était malheureux et au bord de la dépression. Mais il ne pouvait pas se permettre de rester chez lui comme le faisait Jérémy. Il voulait que les gens comprennent qu’il peut y avoir de l’amour entre deux personnes du même sexe, mais la mentalité des lycéens était très loin, trop loin même, d’être mature…

« Mme Lubrano, excusez moi de vous déranger, mais voici un élève qui vient de se battre. Je pense que cela mérite une sanction. »

Adrien ne s’était même pas rendu compte qu’ils étaient arrivés devant le bureau de la CPE. Aussi, lorsque celle-ci l’incita à prendre place sur le siège en face d’elle, il se dit que c’était la dernière fois qu’il remettait les pieds dans ce lycée.

« Adrien, je sais ce que tu vis. Je sais bien que c’est dur pour toi et pour Jérémy, mais tu es allé trop loin cette fois. Tu n’arrêtes pas de te battre ces temps ci. Je suis obligée de prendre des mesures en conséquence. Je suis désolée… Je vais appeler tes parents et en parler avec eux. En attendant d’avoir fixé un rendez-vous, tu es renvoyé de l’établissement. »

Le jeune homme ne réagit pas. Il attrapa son sac qu’il avait posé près de lui en rentrant, puis sortit du bureau.

Il croisa Mr Bernard, le Proviseur, et ne prit pas la peine de lui répondre lorsque celui-ci lui demanda où il allait.

Il s’apprêtait à rentrer chez lui, mais changea d’avis et prit une autre direction. La direction de la maison de Jérémy. Durant le trajet, il élabora un plan. Ils allaient s’enfuir. Partir loin d’ici. Faire leur vie ailleurs. Il était prêt à travailler le temps que Jérémy aille mieux.

« Adrien ! Mais qu’est ce que tu fais là ? » Lui demanda Jérémy lorsqu’il vit son ami sur le pas de la porte.

« Je viens te chercher. Prends des affaires, on s’en va. »

« Quoi ? Mais… »

Jérémy posa son regard chocolat dans les yeux de l’amour de sa vie. Il ne tenait pas vraiment à s’éloigner de sa ville natale, de ses frères et sœurs. Mais il le suivrait. Il le suivrait parce qu’il savait que ses parents n’accepteraient pas leur relation. Ils le penseraient malade et le ferait sûrement interner.

Il fit entrer Adrien et tout deux montèrent dans sa chambre.

Jérémy attrapa un vieux sac de voyage et commença à y entasser des vêtements.

Adrien tourna alors le visage de Jérémy vers lui et l’embrassa avec douceur. Il pleurait. Il en avait assez. C’était trop dur à supporter. Il libéra alors toute la tristesse qui lui submergeait le cœur.

Leurs regards se croisèrent à nouveau, mais ils étaient maintenant remplis d’un désir immense. Ils avaient envie l’un de l’autre.

Ils s’enlacèrent avec plus de force et leurs souffles s’accélérèrent. Jérémy poussa le sac qui tomba dans un bruit sourd sur le carrelage, et allongea Adrien sur le lit.

Ils firent l’amour pour la première fois et ils savaient en cet instant, que jamais ils ne se sépareraient. Ils allaient recommencer leur vie et ne plus se laisser faire par des personnes trop immatures pour comprendre quoi que ce soit dans l’amour qui les unit…

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