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Un Monde de Fictions
26 janvier 2008

Le temps des orques.

Résumé :

Les orques dominent le monde depuis plus de cinq siècles.
Tout n’est que puanteur et désolation.
Les conflits règnent sans cesse entre les différentes tribus, et les humains servent d’esclaves.
Les orques sont sans cœur et les hommes sans courage. Les légendes et les prophéties n’existent plus pour guider les peuples.

Pourtant, quand un jour une jeune femme se rebelle et qu’un jeune orque prend sa défense, alors c’est que le temps des changements est enfin arrivé.

Il y a cinq siècles, une grande guerre a opposé les hommes et les elfes aux orques. Elle fut brève, pas plus de deux ans, mais particulièrement sanglante et cruelle. Nombre de vies ont été perdues ; beaucoup de peuples ont péri, et les elfes, déjà peu nombreux, se sont retirés loin sur d’autres rivages quand la guerre fut perdue et que les orques eurent pris le contrôle du monde.

Depuis ce temps là, toutes les civilisations humaines ont été détruites, les villes et villages ont été rasés. Les refuges des elfes ont subit le même sort bien que ceux-ci aient disparu à temps car les orques, les détestant plus que quiconque, avaient l’intention de les éradiquer définitivement de la surface de ce monde.

C’est ainsi que débuta le « temps des orques » et les hommes, au fil des siècles, perdirent peu à peu leur courage et tout esprit de rébellion, se soumettant à la suprématie des orques et oubliant leur histoire et le maniement des armes. Ils étaient devenus plus que des esclaves car ils avaient aussi fini par perdre leur identité.

Les orques, quant à eux, plongèrent le monde dans le plus impensable des chaos car, même s’ils n’affrontaient plus les hommes et les elfes, les guerres entre leurs propres clans étaient courantes et le sang continuait de couler à flot.

Le « temps des orques » semblait ne jamais vouloir finir et, d’ailleurs, personne dans les nouvelles générations, n’avait jamais eu l’idée d’y mettre fin.

Mais un jour, des elfes ont re-paru sur les terres hostiles et ont contaminé les eaux du pays.
Beaucoup d’orques moururent, cette année là, d’une maladie étrange et les naissances qui eurent lieu révélèrent des mutations particulières. Mais les orques ne furent pas les seuls à être touchés car les hommes aussi changèrent…

C’était il y a vingt ans et nous sommes tous les deux nés à cette époque.

Aujourd’hui dans un camp d’orques.

Il faisait nuit noire depuis plusieurs heures déjà mais Klurg ne dormait pas. Son père l’avait une fois de plus rabroué et le jeune orque était parti s’isoler sur la colline rocheuse comme il le faisait toujours après une bagarre.

Son père ne supportait pas sa vue, il le savait. Klurg était né l’année de la contamination et sa mutation était une honte pour sa famille. Il était plus chétif que ses congénères, à peine plus grand qu’un homme, et sa peau avait l’aspect lisse et bleuté de celle des elfes. Ses oreilles pointues étaient fines et dépourvues de poils. Son regard était presque doux à cause de ses longs cils sur des yeux dorés en formes d’amande.

Mais le pire de tout, plus que son physique, c’était son caractère. Bien sûr, il avait le caractère emporté et bagarreur de sa race, mais il était aussi intelligent… Il pensait, il imaginait, il rêvait et il était sensible au monde qui l’entourait et cela, c’était inadmissible, insupportable pour son père. Et dès que Klurg proférait une parole trop « humaine » à son goût, il recevait une leçon dont il gardait la marque pendant plusieurs jours.

Ce soir là, un sang bleu, anormal pour un orque, coulait d’une profonde entaille à son bras, faite par la machette de son père. Il aurait du avoir le sang noir, bien sûr, et il aurait du se moquer de la douleur. Mais celle-ci lui explosait dans le bras et il lui fallait toute sa force de caractère pour rester de marbre.

Un raclement dans les rochers le prévint qu’un visiteur inattendu s’approchait de lui. Il avait une ouïe assez fine et il était donc difficile de le surprendre mais, en l’occurrence, il savait déjà qui le rejoignait à une heure si tardive.

- Tu ne devrais pas sortir à cette heure ci, Aya, grogna-t-il à la frêle silhouette.

La jeune femme brune sourit mais ne lui répondit pas.

Klurg soupira de mécontentement et se tourna vers elle, la regardant trébucher maladroitement sur les cailloux, faisant saigner ses pieds et ses chevilles.

Elle tenait entre ses mains un broc d’eau fumante, un linge blanc et ce qui lui sembla être du fil et une aiguille.

- Aya ! râla Klurg. Ce que tu fais est inutile. Si mon père me voit avec un seul point de suture, tu sais que la punition sera pire et tu en feras les frais aussi.

- Je le sais, dit elle de sa voix fluette. Il te suffira de mettre un vêtement plus long pour le cacher.

Elle avait utilisé le ton de l’évidence et, s’il avait su comment on faisait, Klurg aurait pu sourire.

Elle trébucha une nouvelle fois et, avec une dextérité étonnante, l’orque se leva et rattrapa, d’une main le broc d’eau, et de l’autre, la jeune femme.

Quand elle reprit son équilibre, il posa la bassine à terre, et la prit par les épaules pour lui dire avec mauvaise humeur :

- Cet endroit est dangereux pour toi, rentres chez toi. De plus, tu ne m’es d’aucune utilité !

Aya sourit à nouveau et tourna ses grands yeux d’ambre vers lui.

- Tu n’es pas vraiment en colère, je le vois bien, dit elle d’un ton moqueur. Et je ne partirai que quand tu auras recousu ta plaie.

Elle tendit la main et toucha doucement la longue estafilade, le faisant sursauter.

- Tu vas te mettre du sang partout, grogna-t-il et en tentant de lui essuyer les doigts avec le linge propre.

La jeune femme fronça les sourcils et sembla un instant examiner sa main et le sang qui s’y trouvait.

- Que vois-tu, Aya ? demanda-t-il avec curiosité.

- Une lumière je crois… Mais elle s’affaiblit, pour ne laisser place qu’à la mienne.

Klurg soupira et fini de lui ôter le sang qui séchait sur ses doigts.

- C’est normal, mon sang se refroidit et coagule… Il meurt…

Aya releva la tête et dit tout bas, comme pour elle-même :

- Pourtant, tu es plus en vie que quiconque ici, Klurg. Tu es différent.

L’orque rugit presque à ces mots. Sa différence !!! Il la haïssait cette différence. Même Aya, qui était aveugle, la voyait.

C’était sa mutation à elle. Elle ne voyait pas les gens comme tout le monde. Elle voyait juste leur « lumière » comme elle disait.

« De tous les êtres vivants émane une lumière de forme et de couleur différente, lui avait-elle expliqué un jour. La tienne n’est pas du tout comme les orques ou les humains de ce village. Même la mienne est différente. »

Klurg se demandait sans cesse ce que ces immondes elfes avaient pu mettre dans l’eau et, surtout, s’il y avait un remède.

Il serra les poings mais s’empara néanmoins du fil et de l’aiguille avant de s’asseoir sur un rocher.

Aya tâta autour d’elle et fini par trouver aussi un endroit où se poser et observa le jeune orque.

Elle le sentait agacé et se demanda vaguement comment apaiser son cœur.

- Klurg, dit-elle de sa petite voix, n’as-tu jamais songé à quitter cet endroit ?

Il ne répondit pas tout de suite, s’appliquant à terminer son dernier point de suture, et, après avoir nettoyer le tout, dit enfin d’une voix bourrue :

- Et pourquoi partirais-je ?

- Mais pour savoir si d’autres êtres comme toi existent ! Et aussi pour savoir pourquoi et comment les elfes ont contaminé notre eau.

- Je me moque de tout cela ! rugit-il en jetant le linge à terre d’un geste rageur.

Aya le regarda longuement avant de lui dire froidement :

- Tu mens Klurg ! Je sais que tu mens.

Elle se leva et commença à s’éloigner du jeune orque avant de rajouter :

- Moi, j’aimerai savoir, j’aimerai comprendre mais seule… Je n’irai pas bien loin, et ici… Je finirai par mourir sous les coups de ton père.

Pour une raison inconnue, le cœur de Klurg se serra douloureusement dans sa poitrine car il savait que c’était la vérité. Mais il ne regarda pas pour autant Aya s’éloigner de lui.

Vous pouvez retrouver la suite de cette histoire sur http://fanfictions.forumonline.biz

BANFANMINI

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