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Un Monde de Fictions
25 janvier 2008

A travers tes yeux.

RESUME :
Abel est un fantôme. Mais voilà, sa condition de fantôme ne lui convient pas et il cherche à prendre contact avec un humain pour découvrir comment regagner l'au-delà...
Ce qu'il ignore, c'est que son récepteur ne va pas être aussi coopératif que ce qu'il pensait et, surtout, qu'il ne pourra pas s'en sortir sans lui... Il devra également choisir d'obéir à Eros, l'ange, ou bien à Sytry, le démon, et ainsi influencer le futur amoureux de ses proches...
Mais quel est le bon choix ? Les anges laissent-ils réellement le libre arbitre aux hommes et les démons ne sont-ils finalement pas leurs meilleurs alliés ?
C'est ce que doivent découvrir Abel et Angèle ensemble pour pouvoir trouver le repos et une vie paisible.




HISTOIRE

Je suis mort.
Je suis mort il y a plus de deux mois. Un accident bête, comme il en arrive souvent. Un accident imprévisible. Un accident dans lequel je n’étais pas responsable et pourtant je suis mort. Le chauffeur de la voiture qui arrivait en face avait un peu bu, la route était verglacée et, après avoir perdu le contrôle, il nous a percuté de plein fouet dans un bruit de tôle froissée et de verre brisé. Des trois passagers de notre véhicule, moi seul ai péri. Laissant ma petite amie et mon frère inconscients. Les laissant me pleurer et culpabiliser de ne pas m’avoir suivi au ciel.

Mais voilà, je ne suis monté ni au ciel, ni en enfer… Et je ne comprends pas pourquoi je suis là à errer dans le monde des vivants, dans ce monde où personne ne peut me voir, où personne ne sait que j’existe.
J’ai observé mes proches pendant ces deux mois. J’ai tenté de leur faire savoir que j’étais là. Sans succès. Mais ces tentatives n’ont pas été vaines. Je me suis rendu compte que certaines personnes étaient plus réceptives que d’autres. Oh ! Aucune ne m’a vu pour l’instant mais ma tante, par exemple, a manifesté une certaine appréhension à cause de ma présence, étant plus nerveuse qu’à l’accoutumée, persuadée que quelqu’un l’observait.
Alors aujourd’hui, j’ai décidé de trouver LA personne qui me verrait, LA personne qui pourrait m’aider à comprendre pourquoi je ne suis pas passé de l’autre côté, ou qui pourrait transmettre un message à mes proches.

C’est ainsi que je me retrouve chez Christine, voyante médium depuis 5 générations. Je suis dans la salle de consultations où une femme est venue la voir pour connaître son avenir. Le chien de la cliente, une espèce de caniche digne de Tchernobyl, n’a pas cessé de grogner depuis mon arrivée, faisant couiner la grosse femme de nombreux « Tais toi donc pupuce ! » et sourire la voyante d’un rictus condescendant qui montre toute l’amplitude de son irritation. Mais je dois admettre que le chien est plus médium que la soi-disant médium qui n’a même pas haussé un sourcil quand je lui ai mis les doigts dans le nez !
C’est donc dépité que je quitte le cabinet de ce charlatan pour prendre un bain de foule. Les gens qui me passent au travers ne me dérangent pas vraiment mais le flot d’émotions allant avec est un peu plus déstabilisant. Si eux n’ont pas forcément conscience de ma présence, moi en revanche, je lis en eux comme un livre ouvert. Enfin, pas toujours non plus. C’est plutôt comme un transistor mal réglé. Pour certains, je ne ressens que des émotions confuses et pour d’autres, je peux carrément avoir l’image et le son ! Mais aucun ne me voit et ça, ça m’énerve.

Mais où est donc Whoopi Goldberg ? Ghost ne serait-il en définitif qu’une fable pour les crédules ? N’y aurait-il donc aucun humain capable de communiquer avec moi ?
Alors que je me pose toutes ces questions, je remarque enfin un homme, accoudé contre un mur, qui semble me fixer depuis un moment. Tout d’abord surpris, puis le cœur en liesse, je me rapproche de lui avec hésitation. Il me suit du regard et sourit. J’arrive enfin à sa hauteur et je sens mon estomac se nouer avant de lâcher un timide « salut ! ».

- Salut bonhomme, me répond l’homme de sa voix rauque et douce.

Je soupire de joie. Je l’ai enfin trouvé !

- Vous pouvez me voir ?

- Bien sûr ! Entre fantôme ce n’est pas dur !

Je ne comprends pas tout de suite. Mon cœur semble s’être arrêté… A vrai dire, il a cessé de battre il y a longtemps mais la sensation demeure quand même.

- Que… Que voulez-vous dire ? lui demandé-je tout en redoutant la réponse.

L’homme me sourit d’un petit air désolé.

- Je veux dire que je suis un fantôme comme toi. Une âme coincée ici en attendant d’avoir accompli ce qu’on attend de moi.

- …

- Ah… Je suppose que ça ne fait pas longtemps que tu es mort, je me trompe ?

- Euh… Ca fait quand même deux mois !

L’homme rit.

- Deux mois ! ah ! Sacré bonhomme ! Ca fait 38 ans que je suis décédé mon garçon !

- Quoi ?!!! Mais… Mais…

J’en perds mes mots. Une multitude de questions se bouscule dans mon esprit. Mais il me semble inutile de les poser à cet homme si au bout de 38 ans il est toujours là. Je me décide à lui poser quand même une question :

- Savez-vous ce qu’on attend de vous ?

- Pour le savoir, il faut trouver son récepteur…

- Son quoi ?!

- Son récepteur ! L’humain avec qui communiquer. Une fois que tu es entré en contact avec ton récepteur, un être divin te dit ce que tu dois faire pour regagner l’au-delà.

- Et vous ne l’avez toujours pas trouvé en 38 ans ??!

L’homme hausse les épaules. Il ne paraît pas particulièrement inquiet ou impatient.

- Les probabilités de trouver cette personne sont infimes. Il n’y en a qu’une seule pour chaque fantôme et le monde est très vaste.

- Mais… et si cette personne décède ?

- Alors une autre la remplace instantanément.

- Comment reconnaître cette personne ? Est-ce que vous le savez ?

- Oui… Cette personne est votre âme sœur et si elle peut vous voir, de votre côté, vous êtes irrémédiablement attiré par elle. Le problème est de pouvoir se manifester sans rendre les gens fous ou sans les faire passer pour fous.

Une note de colère transperce dans sa voix et je comprends alors que c’est ce que lui-même a du vivre. Contre toute attente, je m’entends lui demander :

- Mais si l’être divin vous a donné votre mission, vous n’avez plus besoin de votre récepteur ? Si ?

L’homme me sourit avec compassion mais ne répond pas à ma question. Il se contente juste de détourner son regard et de fixer intensément la fenêtre du premier étage d’un immeuble. Une silhouette se détache nettement derrière la vitre et je devine aisément qu’il s’agit d’un enfant. Le petit fait alors un signe de la main avant d’être tiré en arrière par une main qui semble être celle de sa mère.

- C’est mon arrière petit fils, dit l’homme avec une pointe de tristesse. Il a fallu que mon second récepteur soit un membre de ma famille. Malheureusement, il suit une thérapie depuis que je me suis manifesté auprès de lui. Ils pensent qu’il a des hallucinations.

Un silence s’installe et une nouvelle question me brûle les lèvres :

- Pourquoi est-ce que mon frère ne peut pas me voir ?

- Pourquoi pensez-vous qu’il devrait vous voir ? me répond l’homme.

- C’est… c’est mon jumeau.

Nous échangeons un long regard et il finit par détourner les yeux dans un soupir.

- Votre frère est en deuil. Les portes de son esprit sont fermées. Néanmoins, je vous conseillerais de vite trouver le récepteur qui le remplace en attendant car vous risquez de le déstabiliser plus qu’autre chose si vous vous manifestez auprès de lui. Les relations entre jumeaux sont très compliquées, voire dangereuses…

Il n’en dit pas plus mais je réalise en un instant que si je savais mon frère seul entre deux mondes, ma seule envie serait de le rejoindre.

La porte de l’immeuble s’ouvre pour laisser passer une femme à la mine soucieuse et mon compagnon s’agite soudain.

- C’est l’heure, dit il pour lui-même.

Il observe sa petite fille monter dans sa voiture et attend qu’elle disparaisse à l’horizon pour se tourner vers moi.

- Je pense que nous nous reverrons, bonhomme. Mon nom est Richard et si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à me rejoindre ici. Allez, je te laisse, je vais voir mon petit. Bonne chance.

- Merci, dis-je simplement en le regardant s’éloigner.

Une petite silhouette semble l’attendre derrière la fenêtre et je l’envie un peu d’avoir quelqu’un avec qui parler.

Ne souhaitant pas céder à la mélancolie, je me dirige d’un pas lent vers le bar où j’avais l’habitude de boire un verre avec mes amis. Accoudé à une table à la terrasse déserte, je remarque Sébastien en grande conversation avec une jeune femme que je n’avais jamais vue.
Elle semble particulièrement chétive et surtout paraît frigorifiée. Je me rapproche un peu plus d’eux, curieux de savoir ce qu’ils peuvent bien se dire. Séb, étant un inconditionnel des rencontres sur Internet, je me doute plus ou moins qu’il a rencontré la jeune femme sur un site.

- … et là, vlan ! Je me suis pris la porte du placard en pleine tête. J’ai eu droit à dix points de suture sur l’arcade, dit il en montrant la fine cicatrice qui orne son front.

- Encore en train de rabâcher cette vieille histoire, marmonné-je en m’approchant un peu plus.

La fille releve la tête et me fixe avec curiosité. Surpris, je m’arrête brusquement, n’osant espérer qu’elle me voit, quand une femme me traverse sans se douter qu’un fantôme se tient là.
La jeune fille écarquille les yeux de stupeur et arrondit sa bouche de surprise.

- Angèle ? Ca va ? demande Séb.

Elle détourne vivement la tête pour fixer mon ami.

- Euh… oui, oui, répond elle en me jetant un regard en coin. Je suis gelée et je pense que je vais rentrer.

Sébastien parait un peu décontenancé mais se rattrape aussitôt.

- Ok ! Pardon, j’aurais du te demander si tu voulais aller à l’intérieur, je suis étourdi.

Angèle lui fait un sourire crispé mais ne dit rien.

- J’espère qu’on se reverra bientôt, j’ai vraiment été heureux de discuter avec toi, renchérit-il.

- Crétin, dis je pour moi-même, te connaissant tu n’as du faire que parler de toi et la saouler en moins de deux minutes !

La jeune femme se retient de rire et répond à Sébastien.

- Oui, moi aussi. De toute façon tu as mon numéro…

- Oui, ok ! On fait ça !...

Angèle tourne les talons en me jetant un bref regard avant de baisser la tête.
Malgré moi, je la suis et entre derrière elle dans un petit appartement vieillot mais douillet. Elle ne semble pas avoir remarqué que je la suivais et pousse un petit cri quand elle m’aperçoit au milieu du salon, debout à travers la table basse.

Elle reste un long moment pétrifiée dans l’entrée, son manteau à la main, tremblante et se demandant visiblement si elle a perdu l’esprit.

- A… Alors je n’avais pas rêvé ? dit-elle en posant enfin sa veste sur la patère.

Elle s’approche lentement de moi et contourne les fauteuils et le canapé pour s’assurer que je ne suis pas une hallucination.

- Est-ce… Est-ce que vous êtes un fantôme ?

- Oui.

- P… Pourquoi est-ce que je vous vois ?

- Je ne sais pas, mentis-je.

Un silence gêné et angoissé s’ensuit. Je tremble autant qu’elle et me demande confusément pourquoi aucun être divin n’a encore fait son apparition.

- Je m’appelle Abel.

- Abel… Moi c’est Ang…

- Angèle, oui. J’ai entendu Séb vous appeler comme ça.

Angèle esquisse un sourire et se détend un peu.

- C’est votre ami ?

- C’était… Oui.

- Pardon, répond elle en rougissant. Ca fait longtemps que… Que vous êtes mort ?

- Non, pas vraiment.

- Comment…

Elle hésite et je perçois sa gêne.

- Un accident de voiture.

- Ah !

Nouveau silence.

- Vous n’aviez pas tort, reprend-elle en posant son regard bleu sur moi.

Je fronçe les sourcils d’incompréhension.

- A propos de quoi ?

- Il m’a saouler en moins de deux minutes, dit elle en souriant.

Devant ma mine déconfite, nous partons tous deux d’un grand éclat de rire.

Vous pouvez retrouver la suite de cette histoire sur http://fanfictions.forumonline.biz

BANFANMINI

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